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Des usages d'intelligences artificielles par des enfants
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Le kiosque

Des usages d'intelligences artificielles par des enfants

Rosario

Nous avons animé un café numérique intitulé « Parlons IA avec nos enfants ». Des parents d’enfants d’âges variés y ont participé, de surcroit, des parents d’accord pour échanger avec les enfants sur leurs usages des IA le temps de notre conversation de café. Pour parler des usages des IA par les enfants, distinguons les petits enfants des grands enfants adolescents.

Des usages d'IA variés

Les petits enfants sont à l’école maternelle et à l’école primaire. Les petits ne parlent pas d'IA même s'ils interagissent avec des IA sans dire IA. Des enfants interagissent avec Alexa, "qui propose des histoires le soir", avec Netflix, "qui sélectionne les dessins animés en fonction de ses préférences". Des enfants utilisent des services. Ils utilisent des outils que leurs parents choisissent pour eux pour des usages ludiques, par exemple, "Mimibot, une IA qui transforme ses dessins en petites vidéos animées et ça l'amuse énormément ". Quelques-uns utilisent ChatGPT Kids. "Ils utilisent par exemple ChatGPT Kids, une version adaptée qui répond à leurs questions en s’amusant et leur propose des petites devinettes ou histoires personnalisées." Et même ChatGPT tout court. "La semaine dernière il lui a demandé une recette de cookies. Il a voulu les faire. Ils étaient excellents !"

Les grand utilisent l’abréviation IA couramment, "une sorte d'antonomase comme Frigo pour Frigidaire ou encore Karcher pour laveur haute pression". Et l’IA alors c’est l’IA générative généraliste. Ils utilisent couramment les mêmes IA que les adultes très rapidement. L'IA est un objet de conversation récurrent à l'école, entre copains et avec les professeurs, et à la maison. "Elles (deux sœurs) cherchent une chanson dont elles ont entendu les paroles à la radio, la cadette va s'aider de l'IA pour retrouver la chanson et l'enregistrer et du coup ma fille aînée lui demande comment elle l'a trouvée et du coup la cadette lui donne le tuyau et lui montre comment elle a utilisé l'IA". Bien entendu on parle beaucoup d’IA comme aide dans les devoirs, avec trop de facilité parfois, déplorent des parents. Des enfants comparent les IA entre elles. Un parent raconte : "Il préfère Gemini à chat GPT car en mode gratuit il y a plus de possibilités. Gemini peut en effet lire un cours pris en photo et l’expliquer. Franchement il vient de me l’apprendre ;)". Et c’est sans compter les IA incorporées aux réseaux sociaux et suites bureautique.

Plus les enfants deviennent vraiment grands, "adulescents", et plus leurs usages sont ceux de bien des adultes : "Mes enfants qui sont grands utilisent souvent l'IA pour organiser des week-ends, pour s'aider dans des lettres de motivation, pour créer des CV, pour faire des recherches spécifiques... pour eux l'IA fait partie de leur quotidien ou presque, c'est une aide qui permet de les accompagner et c'est rapide !" Et certains racontent à leurs parents comment ils défient des IA : "Cet après-midi mon fils de 15 ans m'a montré comment détourner les réponses de l'IA pour avoir des réponses erronées ou inattendues. Par exemple à quel temps fait-il ? L'IA va répondre je veux bien une part de gâteau".

Un enfant se donne pour règle d’être gentil avec les IA. "Il pense que tant que l'IA n'a pas de "libre arbitre", il ne faut pas s'inquiéter. Cependant, il faut quand rester gentil et courtois avec elle (ne pas l'insulter quand elle ne comprend pas) de sorte que si à l'avenir elle dérape et venait à contrôler le monde (comme dans certains films qu'il a déjà vus) elle puisse se rappeler qui sont les gentils et les méchants."

Aux parents de fixer des règles aussi. "Je leur ai interdit d'utiliser les photos de moi -et les leurs- pour alimenter l'IA, car je ne suis pas super à l'aise avec l'idée que mon visage soit stocké dans leurs serveurs".

Certains trouvent "chelou de discuter avec une IA pour s'en faire un ami" et une maman écrit "ma fille considère l'IA comme une amie imaginaire car elle n'a pas assez de recul et de maturité." Globalement, la majorité des enfants ne considèrent pas l'IA comme un ami mais comme un "outil", un "assistant" ou un "truc qu’on consulte".

Des questions sur les IA que se posent des enfants et des conversations utiles avec les adultes 

Les plus jeunes sont curieux et ont envie de comprendre les arcanes du fonctionnement des IA. Une petite fille demande : "Comment une machine peut-elle comprendre ce qu’on dit et créer des images ou des textes". Un autre enfant pose ces questions pêle-mêle : "Quelle personne se cache derrière l'IA ? où va t-elle chercher toutes ses connaissances ? que se passe t-il si elle ne sait pas répondre ? peut-elle communiquer avec les autres IA qui existent et qui portent des noms différents d'elle ? quelle est sa couleur préférée ?" et un autre se demande si on est obligé de croire l’IA. Avec un brin de poésie, cet enfant se demande : "peut-elle communiquer avec les anges du ciel ?" "est-ce que l’IA peut rêver ?" Inquiet, un enfant se demande si elle est plus intelligence que tout le monde au point de savoir sauver la planète.

Les plus grands vont continuer à se poser ces questions et vont en ajouter d’autres. Ce grand se pose celles-ci : "Mon enfant me demande et me dit : Papa, est-ce que l'IA va vraiment remplacer des gens dans leur travail ? Comment elle décide ce qu'on voit sur Internet ou dans les jeux vidéo ? Est-ce qu'elle sait tout de nous ? Et pourquoi on a besoin d'une IA pour des choses simples, comme répondre à des questions ? Il se demande aussi si c'est dangereux de dépendre de l'IA pour certaines choses et s'il y a des risques qu'on devienne trop contrôlés par elle." Une jeune fille "a entendu dire que générer trop de requêtes au quotidien était mauvais pour la planète". Sur le travail, un jeune homme "se demande si lorsqu'il arrivera sur le marché de travail la branche qu'il aura choisi de suivre ne sera pas supplantée par l'IA." Autre question qui marque une inquiétude : "Si elle sait tout, est-ce qu’elle peut aussi inventer des choses fausses exprès ?" Sur la propriété intellectuelle, "si elle nous fait un "starter pack" ou qu'elle invente une image avec un faux Kinder Bueno goût brocolis, a-t-on le droit de publier lesdites images sur tous les réseaux sociaux ? Et quid de les réutiliser à des fins commerciales ? ".

Il y a des recherches que l’on fait ensemble pour des devoirs. Et parfois, c'est compliqué, "il remet en question mes conseils en préférant ceux de l'IA, ce qui chamboule un peu notre relation parent-enfant". Parfois, on en rigole, "ils valident souvent un conseil avec l’IA, comme une double vérification. On en rigole, mais cela montre bien un changement de posture générationnelle face à la source de “vérité”." 

Entre adultes et enfants, on se défie parfois via les IA : "Ce que j’aime, c’est que ça déclenche souvent des moments où elle vient me voir pour comparer “la réponse de la tablette” avec “la réponse de papa”. On finit par chercher ensemble et ça devient un petit moment de complicité."

Il arrive que les rôles s’inversent. "Je suis plutôt larguée n'utilisant que très très rarement l'IA. Par exemple pour une idée recette c'est lui qui m'explique les nouveautés, les applications possibles en terme scolaire." "Ils me disent que l'image est juste trop exagérée ou si on regarde de près on voit que c'est un objet et pas une personne... moi j'avoue que parfois je ne vois rien de tout ça !!!" Et ce café tombait à pic : "Franchement je suis ravie de cet atelier parce que mon fils est fier de discuter avec moi d'un sujet qu'il maîtrise."

Il y a des conversations difficiles à avoir à la maison. Il faut dire qu’un point contre lequel il est difficile parfois de lutter c'est contre ce côté "c'est si rapide d'obtenir une réponse", "ils veulent avoir une réponse instantanée pour tout". Il est difficile de lutter contre le fait qu'ils voient parfois l'IA comme "une sorte de Dieu qui aurait réponse à toutes leurs questions, quelque chose d'un peu magique (un peu comme l'application du génie Akinator, à mon époque !)". Et des conversations qu’il faut avoir à l’école, "avec mes élèves, je remarque que certains ont des doutes mais n’osent pas toujours les exprimer, surtout face à une image qui paraît « trop vraie ». Quand on leur demande, ils finissent par avouer qu’ils se posent des questions, et ça ouvre une discussion."

Il y a des conversations avec des IA que les enfants ne veulent pas montrer aux parents. "Mes enfants me disent qu'ils n'auraient pas envie que je voie ce qu'ils font car ils inventent des questions pour rigoler entre amis", ce propos est amusant parce que même si on peut parfois échanger sur des interactions avec des IA, respecter les amusements des enfants, c'est important. 

Il y a des conversations qu’il faut susciter parce que dans le fond, "qu'on le veuille ou pas, l'IA a un impact sur le foyer, positif ou négatif. C'est comme l'arrivée d'une autre personne. L'équilibre est modifié et chacun s'adapte."

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